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samedi 23 janvier 2010

À SAVOIR SUR L'ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

J'étais candidat indépendant lors de la campagne électorale de l'automne 2008 en vue des élections fédérales 2008. C'était dans la circonscription d'Abitibi-Témiscamingue, dans la grande région du même nom,au Québec, Canada. J'en avais alors profité pour préciser certains faits en lien avec le nom Abitibi-Témiscamingue qui est aussi celui de la région administrative québécoise 08. Voici ces explications que j'avais données ainsi que les commentaires que j'avais formulés. Je n'ai pas extirpé la notion politique de mon ''discours'' étant donné que j'étais tout de même dans la course pour occuper le poste de député à la Chambre des communes, pour l'Abitibi-Témiscamingue moins Val-d'Or.


Notre circonscription électorale porte le nom d'Abitibi-Témiscamingue, le même que la région administrative québécoise 08 (66 000 kilomètres carrés). Il n'en a toutefois pas toujours été ainsi. Il n'y a pas si longtemps, elle s'appelait simplement Témiscamingue et elle n'incluait pas la région d'Amos. Cette dernière faisait partie de l'autre circonscription dénommée Abitibi à l'époque. Celle-ci incluait Amos et Val-d'Or. Maintenant, Val-d'Or est seule avec le Nord et on désigne cette circonscription voisine Abitibi-Baie James-Nunavik-Eeyou.
Une circonscription est ni plus ni moins qu'un district établi pour regrouper des électeurs lors d'une élection. Au quotidien, les Abitibiens et Témiscamiens sentent bien toutefois que c'est dans des régions naturelles qu'ils vivent, non dans des limites électorales. Des régions naturelles, il y en a deux grandes, dans cette partie-ci du Québec: l'Abitibi et le Témiscamingue. L'occupation humaine ainsi que les distances ont aussi fait en sorte qu'en Abitibi, quatre territoires distincts se dessinent, d'où l'expression les Abitibis ou petites Abitibis, employée par certains. Ce sont les Abitibis de La Sarre (Abitibi-Ouest), d'Amos, de Rouyn-Noranda et de Val-d'Or. Pour le Témiscamingue, cette région naturelle en forme de corne pointant vers le sud, elle est davantage considérée comme un tout, même sur le plan humain, à cause justement de l'occupation du territoire et de l'attachement des gens. La population occupe surtout la partie nord du Témiscamingue, en plus de la bande suivant le lac Témiscamingue vers le sud. En Abitibi comme au Témiscamingue, le gouvernement du Québec a créé des municipalités régionales de comté ou MRC. C'est ni plus ni moins que ce qu'on appelle des préfectures, en France. D'ailleurs, le chef d'une MRC est un préfet, comme dans le temps des anciens conseils de comté au Québec. Pour confirmer le fait que le Témiscamingue soit considéré comme un tout, il y a une seule et unique MRC, dans cette partie de notre vaste territoire. Les Témiscamiens ont quand même quadriller un peu leur région: est, ouest, etc. Sa population est d'environ 17 000 habitants. Un peu plus au nord, en Abitibi, il y a près de 135 000 habitants répartis dans quatre MRC (Abitibi-Ouest, Abitibi, Vallée-de-l'Or et Rouyn-Noranda). Rouyn-Noranda est la petite Abitibi qui fait le pont avec le Témiscamingue, que ce soit par la route 101 ou le chemin de Rapide-Sept-Winneway. Je me plais à dire que l'Abitibi-Ouest est la plus abitibienne des Abitibis. Pourquoi? Parce que la totalité de ses eaux coulent vers la baie d'Hudson. C'est dans l'optique où le mot Abitibi signifie partage des eaux.

Abitibi, ou ''là où les eaux se séparent''
Il faut savoir qu'Abitibi signifie, en algonquin, ''partage des eaux'' ou ''là où les eaux se séparent''. Sur toute la planète, les eaux se partagent, suivant le relief, les dénivellations du terrain. Ce sont les bassins versants. Mais chez nous, c'est devenu le nom de la région parce que les Première Nations ont remarqué ce fait, là même où ils vivaient (Anicinabe... c'est-à-dire gens de terre ou gens d'ici), chez eux, eux qui voyagaient en empruntant les cours d'eau comme routes. C'était leur territoire. Et les Algonquins habitent d'ailleurs toujours ici, pour y être heureux, comme nous. Toute l'Abitibi-Témiscamingue, même jusqu'à Maniwaki, c'est le pays des Algonquins. Si vous vous intéressés un tant soit peu à la nature, prenez note qu'à Rouyn-Noranda, des eaux coulent vers la baie d'Hudson (lacs Dasserat ou Kanasuta, lac Flavrian, lac Duparquet, lac Abitibi, etc.), d'autres vers le fleuve St-Laurent (lac Preissac, lac Bousquet, rivière Kinojévis, baie Caron, lac Montbeillard, lacs Vaudray et Joannès, lac Beauchastel, lac Bruyère, rivière Outaouais, etc.). Très au nord en Abitibi, on retrouve des plans d'eau qui sont "attirés" par le fleuve. C'est le cas des eaux du secteur de Launay, alors que c'est pourtant tout près d'Amos, la Porte de la Baie-James.
Fait surprenant à signaler. Une étroite bande de territoire sépare le lac Vaudray de la rivière Kinojévis. Pourtant, l'eau de ce lac doit partir de cette proximité pour se jeter dans le lac Joannès qui doit lui-même se déverser dans la rivière Bousquet et le lac Preissac, où la rivière Kinojévis prend naissance et passe près du lac Vaudray, sur son parcours. Si on avait mis un petit navire à l'extrême sud du lac Vaudray, il descendrait le lac, suivrait le trajet indiqué et passerait juste à côté du lac, sur la rivière Kinojévis, séparé par son point de départ seulement par une étroite bande de terre.

Une région linéaire?
Si vous voulez vous amuser un peu sur le plan des connaissances générales, sachez qu'avant 1898, le territoire situé au nord de la ligne de partage des eaux faisait partie de la Terre de Rupert. La partie québécoise de cette dernière a été cédée au Québec cette année-là et c'est pourquoi on dit que l'Abitibi est née en 1898. L'Abitibi blanche, administrative, pourrait-on dire. Car Dieu sait que l'Abitibi était déjà la terre des Abitibiwinis peu après que le grand glacier continental eût fini par dégager l'Abitibi-Témiscamingue de sa masse épaisse et lourde, il y a environ 8000 ans, après avoir amorcé son retrait vers le Nord depuis Chicago et New York il y a quelque 13 000 ans, soit 4000 plus tôt. Ce qui est un peu drôle avec cette conception de l'Abitibi de 1898, c'est que le territoire du Québec d'alors qui se rendait jusqu'à la ligne de partage des eaux s'appelait le Témiscamingue. Le Témiscamingue montait aussi haut. Donc, l'Abitibi, c'était le nord de cette ligne. Or quand Québec a créé la région 10 (Nord-du-Québec) et a établi la frontière sud de cette dernière au 49e parallèle, qu'est-ce que ça laissait comme territoire entre la ligne de partage des eaux et le 49e parallèle? Si on embarquait dans ces conceptions abstraites et administratives, l'Abitibi serait linéaire, comme une bande de territoire. Ce serait la ligne de partage des eaux comme telle ma foi. Une chance que les MRC avaient été créées. C'est là qu'on voit que c'est l'occupation humaine qui crée et définit vraiment une région. Ainsi, le Témiscamingue finit maintenant entre Rollet et Roulier. Et le territoire des Abitibis se trouve de chaque côté de la ligne de partage des eaux. Lorsque le gouvernement a créé les MRC, il a consulté les résidants de Rollet pour leur demander s'ils voulaient faire partie du Témiscamingue ou de Rouyn-Noranda. S'ils avaient dit on se sent plus du Témiscamingue, le ''Témiscamingue préfecture'' serait encore plus grand. Il est vrai que Rouyn-Noranda est perçu différemment selon l'âge qu'on a et la perception qu'on a de Rouyn-Noranda. Pour d'aucuns, Rouyn-Noranda est un petit Témiscamingue ou le nord d'un grand Témiscamingue. Pour d'autres, c'est une petite Abitibi. Personnellement, j'opte plus pour cette dernière. Lise Bissonnette, journaliste originaire de Rouyn-Noranda, écrivait un texte, un jour, dans journal quotidien Le Devoir qu'elle dirigait, pour parler de son lieu de naissance. Elle l'avait intitulé d'Abitibi. Elle parlait surtout de son patelin, Rouyn-Noranda, et voyait cette ville comme appartenant nettement à l'Abitibi comme région naturelle. Mais pour de nombreux Québécois, l'Abitibi-Témiscamingue dans son ensemble, c'est tout simplement l'Abitibi. Venant du Témiscamingue, je sais bien cependant que ce serait comme dire que l'Ukraine fait partie de la Russie ou que le Lac St-Jean, c'est le Saguenay. Ou ce serait comme dire un Algonquin et un Cri, c'est pareil. Il y a des nations. Il y a des régions. Il y a des appartenances. Il faut vivre en région pour savoir cela. Et quand on l'a appris, je trouve que c'est une simple question de respect d'employer les bons mots. J'aborde donc la question du mot Témiscabitibien créé par Rémy Trudel, doctorat en administration.

Les Témiscamiens, les Abitibiens
Jamais vous ne m'entendrez dire Témiscabitibiens pas plus qu'Abitémiscamiens pour désigner ceux qui habitent cette partie-ci du Québec. Pourquoi? Parce que c'est administratif. Je m'explique. Québec a découpé l'Ouest québécois jusqu'à la baie James de façon à pouvoir l'administrer de façon structurée. Mais la région administrative 08 est en fait deux régions naturelles. Cela, les Témiscamiens le savent bien. Et des encyclopédies et livres d'histoire et de géographie l'écrivent. Ça n'empêche pas qu'on se sente bien et absolument chez nous en Abitibi comme au Témiscamingue. L'Abitibi-Témiscamingue est deux chez-soi en un. Mais, comme on dit, La Sarre, ce n'est pas Rouyn-Noranda. Et Amos, ce n'est pas Val-d'Or. C'est comme ça entre le Témiscamingue et l'Abitibi. Chaque région a son appartenance. Donc, pour moi, les habitants de l'Abitibi-Témiscamingue, ce sont des Abitibiens et Témiscamiens, comme il y a les Abbittibbis au nord et les Témiscamingues au sud, chez les Algonquins. Respect oblige. Merci.

Que se passe-t-il plus de 100 ans plus tard?
Ceci étant dit, encore un peu d'histoire. Le Témiscamingue a commencé à être occupé par les Blancs grosso modo vers 1868 et son ouverture avec l'agriculture s'est faite vers 1880 à Notre-Dame-du-Nord, au nord du lac Témiscamingue et de Ville-Marie, le chef-lieu. Le Témiscamingue a ainsi entre 128 et 140 ans et l'Abitibi près de 100 ans, pour l'installation, l'établissement, bref, la colonisation s'entend. Tous ceux qui ne faisaient que passer, et il y en a eu beaucoup, je ne les compte pas dans cette évaluation.
Qu'est-ce qui a emmené tout ce monde qui est resté en Abitibi-Témiscamingue? La traite des fourrures, le bois. L'agriculture, c'est seulement après. L'exploitation agricole permettait de s'installer vraiment et de vivre véritablement de la terre. Je me souviens d'avoir lu dans un livre d'histoire que les Indiens étaient vraiment désemparés quand ils voyaient l'industrie forestière raser leurs forêts. Dans mon vieux livre d'histoire, ça se passait dans le canton de Hull. Les bûcherons ont vite remonté la rivière Outaouais, au fil des décennies, et se sont rendus jusqu'à Matawa, puis jusqu'au Long Sault (Témiscaming), puis de part et d'autres du grand lac Témiscamingue, et en Abitibi, au delà d'Angliers et de ses 15 rapides d'avant le barrage.. Quand on passe en embarcation, en voit encore les vestiges du flottage du bois au nord du lac Simard, sur l'Outaouais, sur la rivière Kinojévis. C'est tout un monde. Heureusement que le bois repousse, quand on lui laisse le temps avant de repasser la tondeuse.
Tout ça pour dire qu'il y a plein de richesses, en Abitibi-Témiscamingue. Qu'en fait-on? Nous profitent-elles vraiment? Sans la transformation des ressources, c'est clair que des emplois nous échappent. De l'argent nous filent entre les doigts. Il ne s'agit pas ici de seulement viser à donner une forme au bois rond (2X4, 2X6, 2X8, 2X10, planche, carton, papier, panneaux de rip pressée, etc.) ou au cuivre (anodes, avec deux petits bras pour mieux les accrocher dans un wagon pour mieux les transporter à Montréal-Est pour qu'il y soit affiné). Personne ne me fera le reproche de vouloir qu'on fasse plus avec nos ressources. Un système bien installé est dur à changer. Et il faut que les gens soient entrepreneurs. Avec des fermetures temporaires ou permanentes d'usines et de scieries comme celles qu'on connaît ces derniers temps (ex. Temcell), on voit bien la nécessité de développer davantage le secteur de la manufacture. Qu'est-ce que les Chinois réalisent actuellement. Ils n'exportent pas de matière première comme nous. Ce sont des produits finis qu'ils commercialisent, comme l'ont fait les Japonais longtemps avant eux. Et ne me dites pas que leurs choses n'ont pas de qualité. On les achète tous. Sommes-nous capables de compétitionner ces pays de l'Orient qui ne paient pas cher leurs travailleurs sans doute? Il s'agit je crois de mettre en place d'abord les conditions pour qu'on puisse diversifier notre économie. La manufacturation demande du génie, c'est sûr. Mais je pense que les Abitibiens et Témiscamiens n'en manquent pas. J'ai vu des hommes construire des merveilles dans la région. Ce n'est pas obligé d'être de grandes choses. Commençons par des petites et faisons comme le pic bois. Ne lâchons pas le tronc. Trouvons nos niches, nos créneaux. Heureusement qu'il y a des gens, ici, pour songer à cela et pousser dans le sens des créneaux d'excellence. Des organisations sont en place. Il y a des fonds disponibles, par exemple le programme fédéral-provincial-municipal des infractures (qui attend juste l'après scrutin pour dire si on aura l'argent pour l'agrandissement de l'aréna Dave-Keon, ce qui est une forme de chantage, car on pense que les gens vont ainsi voter pour les conservateurs pour avoir leur aréna). D'autres sous doivent être injectés et pour des équipements régionaux structurants et ce à Amos, La Sarre, le Témiscamingue et Rouyn-Noranda. De nouveaux programmes pourraient être créés, pour les artisans par exemple. Des bailleurs de fonds doivent se lancer, faciliter le dégagement de sommes. Du capital de risque est en place. Il faut cibler et agir, appuyer le développement.. Du beau travail se fait du côté des centres locaux de développement (Québec) et des sociétés d'aide au développement des collectivités (Ottawa). En fait, plusieurs intervenants se retroussent les manches. Un député (n'oublions pas que je suis candidat indépendant et que je veux avoir la députation) est un acteur parmi d'autres, dans cette machine. Il a son bout de chemin à faire, mais jamais et surtout pas tout seul. Oui, l'activité économique est bien une machine et c'est la vie sociale qui doit en profiter. On ne vit pas pour l'argent. Mais l'argent peut aider à vivre. L'absence de moyens peut tuer, tuer une région. L'Abitibi-Témiscamingue et ses habitants veulent vivre. On se démerde chez nous. Les paliers supérieurs de gouvernement doivent tout faire pour faciliter l'épanouissement de la population d'un territoire qu'ils ont colonisé avec leurs plans. Il faut d'autres plans. Non de colonisation, mais de développement. Moi, en tout cas, je prends parti pour l'Abitibi-Témiscamingue et je voudrais bien pouvoir travailler avec mon monde pour la défense de nos dossiers desquels bien des jobs dépendent. Il vaut la peine de vivre en Abitibi et au Témiscamingue et de ne pas s'expatrier dans les grands centres urbains comme les gens s'en allaient aux États-Unis au temps de la crise économique, dans les années 1920. Merci d'aller voter à tout prix le mardi 14 octobre et de mettre un X vis-à-vis du nom de votre humble serviteur, Ghislain Loiselle Indépendant. Je pense qu'en votant pour un indépendant, c'est une bonne façon de se démarquer par rapport aux deux seuls grands partis qu'on nous offre pour gouverner depuis trop longtemps.

Ghislain Loiselle

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